En son ventre (Action, Bois de la cloche – Villiers sur Orge, 1999)

Fiction de fouille archéologique, mise en scène avant la construction d’une architecture. Les vestiges enfouis sont destinés à être recouverts par les ouvriers lors du terrassement. De grosses madeleines et boudoirs en terre cuite sont entassés de façon désordonnée dans une fosse. Le choix d’un lieu ombragé et humide, les dimensions de la fosse, le geste d’ensevelissement, le tumulus, la forme et la couleur des biscuits sont autant d’éléments qui évoquent des corps entassés, dans une fosse commune ou un charnier. La dramaturgie est accentuée par l’exhumation précipitée des divers éléments lors d’une intervention anonyme. Déterrés, cassés et éparpillés, ils deviennent les restes d’une autre invention du trésor enfoui, ce qui demeure après une destruction quand tout paraissait perdu. Coquillage fossilisé, la madeleine devient véritable vestige à la suite d’une transformation accidentelle, sa reconstitution réhabilitant la mémoire et le devenir de la matière. L’ensevelissement est perçu comme accélérateur de la découverte, découverte de ce qui reste d’une chose disparue, oubliée, perdue : l’apparition d’une forme, le coquillage.